Jacques Lecoq /1

Jacques Lecoq est arrivé au théâtre par le sport, avec une passion pour le « mouvement », né de l’expérience des barres parallèles. Il refaisait les mouvements dans sa tête, et « ressentait tous les temps justes, beaucoup plus que dans la réalité« , dit-il. Il était sensible à la poésie du sport.

C’est grâce à Jean-Marie Conty ( major de Polytechnique, international de basket, aviateur sur les lignes de l’aéropostal avec St Exupéry et responsable de l’Education physique en France), qu’il découvre, sous l’occupation, le théâtre de Jean-Louis Barrault. Jean-Marie Conty fut à l’origine de « l’Éducation par le jeu dramatique », école basée sur des méthodes non conventionnelles, dans laquelle Jacques Lecoq enseigna l’expression corporelle.

S’en suivent toutes sortes d’expérience mêlant le sport et le théâtre, au sein de groupe comme « Travail et Culture », « Les Aurochs » ou « les compagnons de la Saint Jean », à travers la France, jusqu’au moment ou Jean Dasté l’invite a rejoindre la compagnie des comédiens de Grenoble, pour assurer l’entrainement des acteurs. «  Ce n’étaient plus des athlètes qu’il fallait entraîner, mais un roi, une reine, des personnages de théâtre, prolongement naturel de l’étude des gestes sportifs. Je ne me suis pas rendu compte de la transition. »

Grâce à Jean Dasté il découvre le masque et le nô japonais. Et l’esprit hérité de Jacques Copeau d’aller vers un public populaire avec un théâtre simple et direct.

Il poursuit son aventure en Allemagne puis en Italie, où il restera huit ans. A l’Université de Padoue, il lie enseignement et création et découvre la commedia dell’arte.  Il rencontre le sculpteur Amleto Sartori, qui retrouve la fabrication des masque de commedia en cuir, qui avait quasiment disparu à l’époque. Dans les marchés aux bestiaux de Padoue, au milieu des « voleurs de chevaux », il ressent ce que pouvait être une authentique commedia dell’arte, enracinée dans la vie, »celle où les personnages sont en permanence dans l’urgence de vivre« . Il apprend d’un vieil Arlequin les attitudes du personnage, qu’il peut transmettre à son tour.

Invité par Giorgio Strehler, il rejoint le Piccolo teatro de Milan, pour créer l’école du Piccolo. C’est là qu’il découvre, en réglant les mouvements du choeur d’Electre de Sophocle, la tragédie grecque et le choeur. Ce travail influença par la suite sa pédagogie.

De retour à Paris en 1956, il ouvre très vite son école tout en poursuivant un travail de création, avec le TNP de Jean Vilar, et la télévision. Comme l’école se développe très vite, et que son désir est d’en faire une grande école, et non un simple cours, il fait le choix de se consacrer totalement à la pédagogie. « En vérité, j’ai toujours voulu et aimé enseigner, mais enseigner surtout pour connaître. C’est en enseignant que je peux continuer ma quête vers la connaissance du mouvement. C’est en enseignant que je comprends mieux comment « ça bouge ». C’est en enseignant que j’ai découvert que le corps sait des choses que la tête ne sait pas encore. »

Jacques Lecoq a effectivement fondé une école incomparable, qui a formé de très nombreux comédiens, metteurs en scène , auteurs (Ariane Mnouchkine, Philippe Avron, Luc Bondy, la troupe du Footsbarn, Michel Azama, etc.) mais aussi des scénographes, architectes, éducateurs… Il est mort le 19 janvier 1999. C’est sa femme Fay, qui a pris sa succession a la direction de l’école.

Prochainement, un aperçu du contenu de son enseignement, et d’ici là un conseil : lire Le Corps Poétique-un enseignement de la création théâtrale, chez Actes sud, par Jacques Lecoq himself, en collaboration avec JG Carasso et J-C Lallias, et voir Les deux voyages de Jacques Lecoq, collection « entrer en théâtre », scérén/cndp

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